Le Compendium
      Albert Balasse

Microscopes de poche
ou Floroscopes

Ces petits instruments auxquels on a donné le nom de microscope de botaniste, de floroscope, microscope de poche ou encore microscope universel, ont été proposés dès 1850 et jusqu'aux années 1930. Modèles typiquement français, ils ont en commun d'être munis de deux lentilles placées aux extrémités d'un corps cylindrique de quelques centimètres et utilisées indépendamment l'une de l'autre. La première lentille, pour les observations nécessitant un faible grossissement est une lentille biconvexe : c'est une petite loupe ordinaire grossissant environ 3 fois montée sur un cylindre ajouré. La seconde, pour des grossissements d'une vingtaine de fois, est la lentille de Stanhope importée d'Angleterre dans la première moitié du XIXe siècle.

La lentille de Stanhope est obtenue à partir d'un cylindre, d'un tronc de cône ou, comme c'est le cas ci-dessous, d'un prisme à base carrée. Une face est plane tandis que l'autre est convexe. Le dioptre sphérique formé joue le rôle de loupe dont le plan focal est confondu avec la surface plane.

La lentille est maintenue dans un œilleton, enchâssée dans une épaisse rondelle en liège noirci. Sur l'image, à gauche, on distingue la face plane sur laquelle est retenu l'objet à observer à l'aide d'une trace humide qui souvent est de la salive, puis le sommet convexe par lequel on observe en dirigeant l'instrument vers une source lumineuse. Pour cela, l'œilleton est, à droite, repositionné dans son corps cylindrique qui canalise la lumière au voisinage de son axe optique en ne laissant entrer dans l'œil que les rayons qui frappent normalement la face plane de la lentille portant l'objet observé. Selon la transparence de l'objet observé et l'intensité de la lumière, on peut conserver ou ôter comme nous l'avons fait ici, la lentille biconvexe située à l'autre extrémité du corps cylindrique.

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Floroscope ou microscope universel - longueur minimum 5,5 cm - France - Vers 1910

Le modèle le plus classique de ces microscopes de poche est constitué par un corps cylindrique à fenêtre portant à un extrémité la lentille de Stanhope et à l'autre une lentille biconvexe sur support ajouré. Une épingle que l'on peut glisser dans les fentes du corps cylindrique permet de positionner l'objet à examiner, plante ou insecte, dans l'axe de la lentille biconvexe. Elle est également utile pour maintenir, à travers la fenêtre ménagée dans le corps cylindrique, des objets à examiner sur la surface plane de la lentille de Stanhope.

Pour tester l'instrument du côté de la lentille biconvexe, nous n'avons pas transpercé le corps d'un insecte mais positionné, en équilibre sur l'épingle, un fragment de tige d'une plante portant de minuscules fleurs, l'épingle étant ensuite glissée dans les fentes du corps cylindrique. La mise au point est réalisée par tirage de la lentille biconvexe.

Pour l'observation, l'œilleton portant la lentille de Stanhope est ôté. Le fond de l'image et l'éclairage s'en trouvent améliorés.

Le microscope universel, destiné aux amateurs et particulièrement aux plus jeunes, était proposé dans une petite boîte en carton ou en bois renfermant la notice d'utilisation en trois langues : français, espagnol et anglais.
Le grossissement annoncé, de "500 fois en surface", obtenu avec la lentille de Stanhope correspond à un grossissement légèrement supérieur à 20 fois si l'on se conforme à la définition des physiciens qui considèrent le grossissement linéaire, c'est-à-dire le rapport des longueurs - et non des surfaces - de l'image de l'objet et de cet objet.

La lentille de Stanhope est évoquée par Arthur Chevalier dans son Traité théorique et pratique du microscope, L'ÉTUDIANT MICROGRAPHE :

Nous avons ensuite testé la lentille de Stanhope en observant l'aile d'un très petit diptère. Cette aile mesure un peu plus de 3 mm et n'occupe qu'une petite partie de la surface plane de la lentille. Pourtant, et c'est une constante avec la lentille de Stanhope, sa sphéricité prononcée provoque un flou de l'image à la périphérie.  

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Dans les catalogues de la fin du XIXe siècle et du tout début du XXe sècle, l'instrument est présenté sous différentes appellations : florascope chez B. Kahn & Son (New-York), floriscope chez National Marchandise Supply Company (Chicago), floroscope chez Oskamp Nolting & Co (Cincinnati), florioscope chez la Société des Lunetiers (Paris) et même, florescope chez E. Pilot (également à Paris) ...

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Sur le modèle présenté à gauche, un petit miroir mobile autour d'un axe normal à l'axe optique permet d'éclairer l'objet présent devant la face d'entrée de l'une ou l'autre des lentilles. Pour son utilisation, il peut ainsi reposer verticalement sur un plan de travail quelle que soit la lentille utilisée.

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Ce spécimen, de 7 cm lorsqu'il est en position repliée, présente une amélioration par rapport au précédent : deux fentes diamétralement opposées permettent d'introduire une lame de verre portant l'objet afin de le mettre en contact avec la lentille de Stanhope. Le maintien de l'objet à examiner est mieux assuré que par un simple dépot sur à la surface de la lentille. Fabriqué en France, il est marqué "C.F déposé".

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A gauche, un dernier spécimen. Il s'agit, dans la configuration type floroscope, du plus petit microscope de poche présent dans le Compendium. Sa longueur est de 4,5 centimètres

Le corps tubulaire de l'instrument ne comporte pas de fenêtre permettant l'éclairage latéral d'un objet disposé à l'intérieur. Dans ce modèle, on utilise l'œilleton portant la lentille biconvexe et la petite cage joliment ajourée en le retirant du corps tubulaire pour le poser sur l'objet à examiner. Dans les modèles précédents la netteté est obtenue au delà de la cage ajourée. Ici sa hauteur correspond à la distance focale de la lentille.

Nous observons, avec la lentille biconvexe, un mélange de graines officinales puis un fin tissu. Dans ce dernier cas, nous avons superposé les images du tissu vu à travers la lentille et vue à l'oeil nu ainsi que celle de l'œilleton. Les trois photographies sont réalisées dans des conditions identiques. Le grossissement, mesuré, est égal à 3 fois.

Catalogue JOHNSON SMITH & CO - Racine, Wisconsin USA - Vers 1925
(Document "le Compendium")

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